Un écho se fait entendre en Xavier depuis son plus jeune âge « tu ne peux pas comprendre », comme un frein à son désir d’être et de connaître par lequel il n’est pas prêt à se faire arrêter. De ces mots qui limitent naît au contraire la nécessité de trouver d’autres solutions pour accéder à un savoir dont il a besoin, presque viscéralement, en tout cas constamment et sans délai.
Il grandit en région parisienne et obtient un bac scientifique car c’est la voie qui ouvre le plus grand nombre de choix y compris le sien : devenir psychologue.
Ce garçon facétieux se sent déjà mille facettes, est-ce cela qui lui donne envie d’aider les autres à ordonner les leurs ?
L’avenir ne le dira pas car une conseillère le dissuade en quelques mots « avec les résultats que vous avez je m’en voudrais que vous n’intégriez pas une école d’ingénieur ».
Xavier ne dira pas non plus pourquoi à ce moment-là il écoute cette personne-là.
Il entre à l’UTT de Troyes avec prépa intégrée.
L’un des avantages certains est de ne pas avoir la responsabilité de ce choix.
« Je m’étais dit que je gardais un large éventail de possibilités en allant là-bas »
En effet de cette sélection naît une ouverture, son intérêt redouble pour les sciences jusqu’au moment où il devient à nouveau incontournable d’opter, pour la physique dans son cas.
Se produit alors à nouveau un effet de rebond, aussi immédiat que dans son humour, aussi vrai que dans le proverbe italien « quando si chiude una porta si apre sempre un portone” (quand une porte se ferme un portail s'ouvre).

Puisqu’il se spécialise, il élargit son nouvel espace de jeu et s’engage dans un Master « optique et nanotechnologies » qui, outre le chemin qu’il ouvre vers une thèse, est aussi l’une des voies pour enseigner et transmettre.
En fin d’étude il débute un stage chez Nanovation à Châteaufort (78), à deux pas du Latmos, géographiquement et thématiquement. Son implication est conforme à sa personne, multifacette, et il travaille beaucoup pour satisfaire une qualité constante dans tous les domaines qui lui sont proposés afin d’être et de rester polyvalent.
C’est encore dans une forme de rebond qu’il atteint cette exigence, se nourrissant de ses collaborateurs, saisissant leur énergie pour la restituer dans ce qu’il donne comme un Roger Federer du détecteur.
« Je travaillais avec des gars très inspirants, géniaux »

Nonobstant ses partenaires et leurs qualités qui subliment son potentiel il va mettre fin à cette partie, de sa vie, sur une erreur d’arbitrage faudrait-il dire pour filer la métaphore.
Ses compagnons de jeu, conscients de l’injustice inhérente à cette fin de contrat l’aident à rebondir et le proposent comme candidat idéal pour travailler dans le laboratoire avec lequel ils ont remporté un contrat de l’ANR (agence nationale de la recherche), le Latmos.
Il y arrive en décembre pour le projet Devins dont le PI (chercheur principal) est Luc Damé qui cherche quelqu’un pour faire le lien entre le développement d’un nouveau type de détecteur UV et l’intégration dans le spatial.

L’un des points forts de ce projet est d’avoir la possibilité de prouver sa pertinence et sa fiabilité en le mettant rapidement en application sur un nano satellite du projet UVSQ-Sat dont le PI est également un chercheur du Latmos, Mustapha Meftah.
Cette expérience pourrait alors être la base de projets plus avancés.


Un autre réside dans l’usage de l’oxyde de galium qui n’est généralement pas utilisé pour les détecteurs mais a des propriétés qui offrent de nombreux avantages comme de ne pas être une surface froide, facilement contaminée. Cela le rend également plus économique.
S’il fonctionne il pourrait être breveté et utilisé pour une constellation de satellites, ayant atteint le TLR 9 (Technology readiness level, d’après le plan stratégique de recherche & technologie de défense et de sécurité - dgA 2009), niveau de développent certifié.

Dans son rôle il bénéficie d’une grande autonomie rendue possible par la confiance qui lui est accordée et les responsabilités qui lui sont confiées. Il en retient la possibilité de comprendre le processus dans son entier et d’intervenir à toutes les étapes de la réalisation.
De ses observations et conclusions émergent des propositions de modifications et d’évolution du matériaux dont il discute directement avec les fournisseurs et partenaires.
Chacun enrichit l’autre et tous font évoluer le projet dans un cercle vertueux où tout le monde tend au même but. C’est peut-être cette absence de concessions et de choix qui permet à Xavier de se détacher des quelques collisions ou mauvaise circulation d’information inhérentes à tout projet, pour ne retenir que son côté stimulant.
Des aspects plus sinueux comme la complexité d’appréhender les rôles en tenant compte d’une hiérarchie ou de protocoles de prise de parole, il retire de la gratitude. Celle d’apprendre comment coordonner un projet avec beaucoup de personnes.
Il retient également comme positif le chalenge au cœur duquel il se trouve tant par l’enjeu intellectuel qu’il représente que par la brièveté du délai.

S’agissant du Latmos de façon plus générale il apprécie l’environnement proposé, humain en particulier. Les rencontres qu’il a faites à ce jour dépassent le cadre professionnel et il goûte le plaisir d’y évoluer sans labeur.

Concernant son avenir il n’a pas renoncé au projet de présenter une thèse. Pas seulement pour enseigner mais pour l’un des rebonds qu’il dessine, préparant l’effet à donner pour lier les trajectoires.
Car ses aspirations sont ailleurs.
Ses compétences sont au service de Devins mais ce qu’il en advient ce n’est pas au Latmos qu’on le devine. De cette voie il souhaite faire une voix et c’est au service d’un engagement social et citoyen qu’il portera le miroir de son expertise.

Xavier est au Latmos depuis décembre 2018 et fait partie des départements MECATOP et HEPPI.

2019 11 Arrateig trombinet